Les huit jours de trek au cœur du massif mauritanien de l'Adrar, aux confins du Sahara occidental, ont inauguré un cycle de randonnées, révélé le goût pour la marche et dévoilé des contrées désertiques.
De Chinguetti la sainte à la palmeraie de Terjit, au rythme de la caravane chamelière, l'aventure entre sable et pierre a rapidement dissipé mes doutes et mes appréhensions.
Conquis par la variété inattendue des paysages, surpris par l'intensité des émotions ressenties comme par la force de l'introspection et du partage, je propose aux lecteurs de ce carnet de voyages entre terre et ciel une nouvelle immersion, une plongée retrospective au
des dunes et des palmeraies, ravivées à chaque écoute du titre "Desert Rose" interprété par Sting et Cheb Mami.Desert Rose - Sting & Cheb Mami
J1. D'Atar à Chinguetti
Excitation et dépaysement sont les maîtres mots de cette première journée sur les terres mauritaniennes. L’hospitalité des habitants, la diversité ethnique entre Maghreb et Afrique noire, la rencontre de l’équipe comme celle de mes compagnons de voyage dessinent le préambule de notre aventure saharienne, sur les traces de Théodore Monod.
Au terme d’un vol de 6 heures comprenant une escale technique à Agadir, mon avion se pose sur l’aéroport international d’Atar. La température y est de 32° C : l’air chaud et sec contraste avec le froid hivernal de la métropole.
L’hospitalité mauritanienne ne tarde pas à faire ses preuves : je fais la connaissance de Legleib (notre guide) et de Sidi (notre cuisinier).
Dans l’attente de mes coéquipiers enregistrés sur un autre vol, je rejoins la maison des guides pour m’y reposer et y déguster un plat traditionnel à base de poisson, précédé d’un bissap, sirop sucré concocté à partir de fleurs d'hibiscus et suivi par un thé.
Deux chauffeurs assistent Legleib et Sidi dans le transfert en 4x4 de l’équipe désormais au grand complet : le trajet d’Atar à Chinguetti, long de 80 kilomètres, consiste en une traversée de l’épine rocheuse entre les deux villes. Nous présentons nos passeports aux gendarmes afin d’officialiser notre excursion dans le désert.
A l’entrée dans Chinguetti, septième ville sainte de l’islam, nous rejoignons une auberge où des tentes et des huttes accueillent pour la nuit plusieurs groupes amateurs de dunes. A la tombée de la nuit, douche et électricité : deux luxes proposés durant quelques heures. La dégustation d’un couscous est l’occasion de prendre quelques forces mais aussi et surtout de faire connaissance avec notre guide et les autres membres du groupe.
Le sommeil n’est pas facile à trouver en raison du groupe électrogène, bientôt relayé par un minaret scandant la reprise du jeûne du ramadan et des appels à la prière. Les dunes toutes proches ne sont pas non plus étrangères à l’excitation qui me gagne.
J2. De Chinguetti au premier bivouac
La deuxième journée est synonyme de révélation : les dunes ondulent à l’infini, chaque crête m’attire inexorablement vers la suivante. L’horizon se fait mirage, le sable se fait océan. Le déjeuner dans la palmeraie de Lagueilla et le premier bivouac impriment de magie mon baptême de sable, magie que ne pourra pas même altérer l’épilogue insolite et pluvieux.
Le jour n’est pas encore levé lorsque Legleib nous invite à prendre notre petit déjeuner : ce premier préparatif matinal est l’occasion pour notre guide de mesurer la rapidité de notre organisation… qui laisse à désirer !
Nous faisons connaissance avec Sidi et Mahmoud, les deux chameliers qui complètent notre caravane. Nous confions aux six dromadaires récalcitrants nos sacs de voyage, ne conservant que nos sacs à dos, contenant pour cette étape comme pour les suivantes, le nécessaire de la journée.
Chinguetti nous révèle l’humour de ses commerçants, à l’image de la pancarte sur laquelle on peut lire « Mahmoud écrase les prix » puis nous dévoile son labyrinthe de sable et de pierre.
Au sommet d'un ancien minaret, les quatre points cardinaux sont matérialisés par des pointes coiffées d’un œuf d’autruche.
Un conservateur très appliqué nous récite le discours de présentation de l’une des fameuses bibliothèques de la ville.
Aux manuscrits anciens, faits de pâte à bois, de gomme arabique et de peau de chèvre, s’ajoutent des actes administratifs. Les différentes couleurs sont obtenues pour le noir à l’aide de charbon, pour le bleu à l’aide d’indigo et pour le rouge à partir d’oxyde de fer.
L’un des poèmes qu’il nous présente est destiné à l’apprentissage complet de la grammaire de la langue arabe.
Jouxtant la bibliothèque, un musée réunit pléthore d’outils et d’ustensiles.
A la sortie de Chinguetti, nous partons à la conquête des dunes sur un rythme soutenu. Nous croisons des caravanes, découvrons la rareté de la flore - acacias, pommiers de Sodome - et de la faune : des criquets s’envolent à notre approche, un fennec apeuré s’éloigne en courant.
Le soleil perce les nombreux nuages et dessine des vagues ocres ou dorées. Les silhouettes bleue et blanche de nos compagnons mauritaniens semblent glisser sur le sable. Nous ajoutons modestement et respectueusement nos empreintes aux leurs...
Nous récoltons de l’eau dans un puits avant de la purifier dans nos gourdes à l’aide de pastilles. Le cérémonial du thé se décline en trois tasses : le premier thé est amer comme la vie, le deuxième doux comme l’amour et le troisième suave comme la mort…
L’après-midi révèle à son tour son cortège de dunes, aux reliefs et aux teintes variés. Nous dressons notre premier bivouac pendant que les précieux quadrupèdes, aux pattes avant entravées, se nourrissent des quelques herbes présentes.
Merci à Marie-José à qui j'ai emprunté quelques photos
Commenter cet article