J3. Cordons dunaires de Zarga
La troisième journée concentre tous les plaisirs : la chaleur modérée du soleil, les courbes douces et inventives des dunes, la rencontre de peuples nomades, le bien-être que procure la marche, sans oublier l’esprit de la caravane. Rivalisant de beauté avec le jour, la nuit offrira le spectacle étoilé de l’union du ciel avec la terre.
Dès 7h30, hommes et chameaux lèvent le camp.
L’ondulation sablée nous conduit rapidement jusqu’à une famille nomade : les femmes voilées exposent leur artisanat (théières, boîtes à encens, bijoux) pendant que les hommes offrent du thé et du zrig, lait de chèvre caillé accompagné d’eau et de sucre.
Non loin du campement, je trouve dans le lit asséché d’un oued une pointe de flèche, vestige de scènes de chasse.
Nos pas nous conduisent vers d’autres crêtes et d’autres creux.
A la faveur d’une pause, nous constatons que le soleil sort enfin vainqueur de son combat contre les nuages : le port du chèche n’est plus superflu !
Pour le plus grand plaisir des yeux, les contrastes de relief et de couleur sont plus prononcés.
A l’approche de notre bivouac, nous rejoignons la caravane. Alors que la nuit tombe, je ramasse du bois mort avec Mahmoud puis assiste Sidi dans la préparation du kesra, plat traditionnel mauritanien à base de pain, de patates douces, d’oignons et de carottes. Très copieux mais bienvenu après l’effort de la journée !
Le feu de camp fournit non seulement l’occasion de cuire une galette sur la braise recouverte de sable, mais aussi d’écouter Legleib nous raconter l’histoire de la jeune république islamique de Mauritanie.
L’émotion la plus forte demeure sans conteste ma première nuit à la belle étoile qu’aucune photographie ne peut traduire. Avec pour seuls témoins le murmure du vent et l’éclat des étoiles qui criblent le ciel nocturne, le vertige me gagne et me grise. Un sentiment d’infini et de plénitude m’envahit, au-delà des espérances nourries. Je m’abandonne à la nuit, ivre et bouleversé par cette expérience unique.
La quatrième journée s’inscrit dans la transition entre dunes et roches, avec pour point d’orgue l’ascension de la montage Zarga et sa descente par la dune d’El Atigue. Les dernières dunes de l’erg Ouarane laissent la place au plateau de Lemmoïzine au pied duquel nous dresserons notre nouveau bivouac.
A l’aube du quatrième jour, une lumière magnifique inonde le désert.
Les dunes offrent une image paradoxale de vagues s’échouant sur la grève. Est-ce la chaîne Zarga, la mer, les épines dorsales d’un monstre ou un mirage que l’on devine à l’horizon ?
A l’approche de Zarga, les dunes laissent la place à une mer de sable……hérissée et bordée de roches et d’arêtes noires. Peu avant le déjeuner à l’ombre d’acacias, je m’aventure quelques instants à l’écart du bivouac. A mon approche, les dromadaires me saluent de la tête tandis que d’énormes lézards interrompent leur sieste sur les pierres chaudes.
Comme pour nous récompenser de nos efforts, le désert nous propose la traversée de l’extrémité de Zarga par l’imposante dune d’El Atigue.
Le sommet offre un mariage étonnant de ciel bleu, de roche brune et de sable ocre. Nous admirons silencieux le panorama somptueux.
La pause se prolonge au sommet de la dune.
Sacrifiant au rituel de la photographie de groupe, nous immortalisons le franchissement de Zarga, avant de jeter un ultime regard humble et admiratif vers son passage secret…
D’erg en reg, le sol rocheux remplace le terrain sableux et nous mène jusqu’au pied du plateau de Lemmoïzine, à la fois point de convergence de nombreux circuits et point d’observation idéal pour le coucher de soleil.
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